France, États-Unis
2019 95 mins V.O. anglaise
“Deeply unsettling… A bold and unconventional thriller”
- Peter Debruge, VARIETY“A provocative and frequently brilliant thriller about the patriarchal control over female bodies”
- David Ehrlich, INDIEWIRE“A staggering accomplishment in its storytelling, visuals, and performance”
- Lena Wilson, THE PLAYLISTHunter roule dans sa bouche une bille de verre. Elle fait glisser la bille sur sa langue, contre ses dents, comme si elle caressait la notion de rébellion et méprisait la notion d’interdit. La bille ne remplit pas toute sa bouche, mais sa bouche lui semble pleine. Ne serait-il pas spontané d’avaler cette bille? Elle le fait. Dans
SWALLOW, de Carlo Mirabella-Davis, Haley Bennett interprète le rôle d’une femme au foyer qui découvre qu’elle est enceinte, et tente d'être à la hauteur de sa belle-famille. Sa garde-robe refaite, ses cheveux blonds coiffés à la française, douce, attentionnée, timide, Hunter s’efface complètement afin de faire place aux besoins de son mari et aux caprices de ses beaux-parents. Elle passe ses journées seule dans une chaumière isolée, essayant de trouver un but à son existence. Un jour, elle commence à avaler des objets domestiques: ça lui procure une étrange impression de contrôle.
Écrit et réalisé avec un humour mordant par Carlo Mirabella-Davis,
SWALLOW est un long métrage pastel dans lequel Hunter, femme-objet, est accoutrée comme l’une des jolies choses que l’on retrouve dans la maison parfaitement aménagée, petit nid douillet de son mari. Hunter évolue dans un espace qui n’est jamais le sien. Une seule exception : la rangée d’objets qui sont passés par son tube digestif. Haley Bennett, que l’on a vue dans
THE HAUNTING OF MOLLY HARTLEY et
HARDCORE HENRY, livre ici la performance fondamentale de sa carrière. Le passé trouble de l’héroïne, tel la lumière décomposée par un prisme, nous est lentement dévoilé, prouvant que les traumatismes se répètent de multiples façons. Aliénée par le monde lui-même, Hunter cherche constamment à s’assimiler, mais essuie moult revers. C’est un film qui retourne les estomacs et réveille les anxiétés; au festival de Tribeca, une personne s’est évanouie durant la projection. Et pourtant
SWALLOW pose un regard tendre sur les victimes d’abus, montrant jusqu’où une survivante peut aller afin de réaffirmer son identité. –
Traduction : David Pellerin