Allemagne
1984 86 mins V.O. allemande Sous-titres : anglais
Berlin-Ouest, dans un avenir morose. FM (F.M. Einheit de l’emblématique groupe industriel Einstürzende Neubauten, qui a également composé la trame sonore du film) a mis le doigt sur quelque chose : et si la muzak inoffensive que vous entendez quand vous visitez une chaîne de restauration rapide était en fait un outil de contrôle corporatif, conçu pour freiner les instincts révolutionnaires des gens? La solution, bien sûr, passe par un radio-cassette : du contre-terrorisme sonore analogique! Pendant ce temps, Jaeger (incarné par Bill Rice, l’artiste avant-gardiste du East Village qui est apparu précédemment dans des films de Richard Kern et Jim Jarmusch), un homme obsédé par les peep-shows qui fixe des écrans de surveillance toute la journée, se voit assigner la tâche de mettre fin aux opérations de FM…
Film provenant d’une réalité parallèle beaucoup plus excitante que la nôtre, amoureusement restauré en 2K par la belle équipe de Vinegar Syndrome, DECODER est un délire anarcho/proto-cyberpunk, ainsi qu’une critique pas particulièrement subtile du malaise corporatif et de la culture de la muzak, comblant le fossé entre les écrits de William S. Burroughs (particulièrement The Electric Revolution, dont l’influence sur la musique industrielle est bien documentée), Jean-Luc Godard à l’époque d’ALPHAVILLE (pour l’atmosphère de film noir rétrofuturiste), et les visions cyberpunk délabrées d’écrivains tels que William Gibson et de cinéastes comme Shinya Tsukamoto et Sogo Ishii (qui a dirigé Neubaten dans son propre HALBER MENSCH). Prenant la forme d’une version post-punk et teintée par la Guerre froide de THEY LIVE croisée avec LIQUID SKY, DECODER se branchera dans vos canaux auditifs et vous aidera à voir la vérité à propos de la culture ambiante. C’est un électrochoc qui fera du bien à votre système, du cinéma à la fois transgressif, libre et unique, de la science-fiction n’ayant pas été aseptisée par les courants dominants. Mettant aussi en vedette (sans blague!) Burroughs lui-même, Genesis P-Orridge et une Christiane F. obsédée par les grenouilles, le film inclut de la musique de Soft Cell, Psychic TV et The The. Branchez-vous! – Traduction : Kevin Laforest