Corée du Sud
2019 96 mins V.O. coréenne Sous-titres : anglais
L’adolescence est une période charnière où l’on doit apprendre à amadouer ses propres émotions tout en cherchant à comprendre le monde auquel on s’apprête à faire face. Pour Joo-ri, 17 ans, la déroute psychologique de sa mère et la relation adultère que son père entretient avec la propriétaire d’un restaurant local assombrissent un ciel déjà gris. Pire encore, une de ses collègues de classe, Yoon-ha, est la fille de ladite restauratrice, ce qui envenime considérablement leurs échanges, même si les deux comptent tout mettre en œuvre pour interrompre cette idylle. Lorsque Yoon-ah lui annonce qu’un enfant naîtra de l’union illicite entre leurs parents, la situation dégénère au point qu’elles se battent violemment en pleine école. Pourtant, cette animosité carburant à la haine et au mépris prendra une direction insoupçonnée au moment où la maman de Yoon-ah donnera naissance prématurément à leur petit frère dont la vie est sérieusement menacée.
Kim Yoon-seok est l’un des comédiens les plus respectés de Corée du Sud. Qu’il se glisse dans la peau d’un antihéros sympathique (THE CHASER), d’un enseignant aussi empathique qu’hilarant (PUNCH) ou en antagoniste terrifiant (1987: WHEN THE DAY COMES), il a toujours su capter les regards grâce à son immense talent et son indéniable charisme. Avec ANOTHER CHILD, Kim passe derrière la caméra à titre de réalisateur et coscénariste et étonne une fois de plus, cette fois par la sensibilité et la délicatesse qu’il insuffle à ce récit initiatique foncièrement féministe, situé dans un contexte profondément patriarcal, d’une richesse narrative magistrale. ANOTHER CHILD repose sur les performances absolument stupéfiantes de quatre actrices majestueuses, soit les jeunes Kim Hye-jun (KINGDOM) et Park Se-jin (une première présence impressionnante au cinéma), ainsi que Yeom Jung-a (A TALE OF TWO SISTERS) et Kim So-jin (THE DRUG KING) qui errent en orbite d’un personnage masculin larvaire et passivement détestable campé par Kim lui-même. Si le film dresse un portrait sévère de la situation des femmes en Corée, il rayonne d’espoir à travers ses deux adolescentes fortes et dignes avec lesquelles nous voudrions rester encore longtemps lorsque le générique final de cette œuvre essentielle défile à l’écran. - Nicolas Archambault
