France
2018 98 mins V.O. française Sous-titres : anglais
"A feminist subversion of typical saviour narratives"
Sarah Ward, SCREEN DAILYDans un avenir rapproché, ou possiblement un univers analogue, dans une banlieue banale de maisons sans âme aux murs en crépi beige, un calme inquiétant est là depuis trop longtemps. Le silence subitement brisé, une baie vitrée éclate en morceaux : un garçon s’y est jeté. Monte alors le murmure d’une nuée noire menaçante, des drones tueurs qui le poursuivent. Il est sauvé in extremis par une bande de jeunes hommes lourdement armés, avec une femme à leur tête, Jessica (Aomi Muyock, vue dans
LOVE de Gaspar Noé). Celle-ci a une voix douce, un accent venu d’ailleurs et des yeux bleus perçants. Elle rassemble autour d’elle les enfants perdus de ce pays imaginaire dystopique, les rassure, les apaise. Elle prépare sa tribu à l’amour et à la guerre.
Les courts métrages de Caroline Poggi et Jonathan Vinel les avaient portés dès le départ au plus haut :
TANT QU’IL NOUS RESTE DES FUSILS A POMPE, Ours d’or à la Berlinale 2014, et
AFTER SCHOOL KNIFE FIGHT, volet du triptyque fantasmagorique
ULTRA RÊVE, sélectionné à Cannes 2018, et dans lequel ils partageaient l’affiche avec Yann Gonzalez (
UN COUTEAU DANS LE CŒUR) et Bertrand Mandico (
LES GARÇONS SAUVAGES). Avec
JESSICA FOREVER, ces jeunes espoirs du cinéma français alternatif signent leur premier long métrage, brut et gracieux. Déjà des auteurs affirmés, leurs thématiques et motifs fétiches se raffinent : jeunesse, violence et hypercontemporanéité, agencés à des dialogues alanguis et des séquences d’action fantomatiques. La paire dessine tour à tour une fusillade puis un arbre lumineux, une cohabitation romantique entre un quotidien fade et un merveilleux transcendantal. Poètes modernes nourris tout autant du
BEAU TRAVAIL de Claire Denis que de films d’ados, de jeux vidéo (dont l’influence revendiquée de
METAL GEAR SOLID) et de cinéma d’action de série B, Poggi et Vinel contournent les règles et fracassent les frontières, canalisant à travers
JESSICA FOREVER la rage enfouie d’une génération perdue au corps d’homme et à l’esprit d’enfant meurtri.
– Celia Pouzet