Chiwawa

Le corps démembré retrouvé dans la baie de Tokyo vient d’être identifié. Il s’agit de Yoshiko Chiwaki (Shiori Yoshida), 20 ans. Ses amis la connaissaient exclusivement sous le nom Chiwawa qu’elle s’était elle-même octroyé en raison de sa petite taille. Belle, enjouée et charismatique, elle se sentait exister dans le regard des autres. Que se soit en volant une somme colossale à des entrepreneurs véreux en pleine boîte de nuit, en menant une carrière de mannequin ou en s’adonnant à des ébats sexuels toujours plus débridés, elle misait le tout pour le tout afin de se faire remarquer et vivre entourée de gens qui l’aimaient. Cette volonté incessante de séduire aura fini par avoir raison d’elle. La fête est bel et bien terminée. L’une des amies de Chiwawa, Miki (Mugi Kadowaki), cherche maintenant à comprendre ce qui s’est passé. À travers les témoins de cette descente aux enfers, elle tentera de résoudre l’énigme Chiwawa.

Adapté de l’œuvre singulière de la mangaka Kyoko Okazaki, à qui l'on doit également les inoubliables HELTER SKELTER et RIVER’S EDGE, CHIWAWA fait partie de ces rares expériences cinématographiques indescriptibles qu'il faut vivre pour comprendre. C’est un peu comme si on unissait les thématiques tragiques et la narration fusionnant le passé et le présent du déchirant BLEAK NIGHT de Yoon Sung-hyun au portrait générationnel provocateur à la mise en scène excessive proposé par SPRING BREAKERS de Harmony Korine. Le style évoquant le vidéoclip du réalisateur et scénariste Ken Ninomiya (THE LIMIT OF SLEEPING BEAUTY), la caméra à l’épaule constamment en mouvement, la trame sonore éclectique omniprésente ainsi que le montage saccadé créent une ambiance déroutante illustrant la descente en enfer d’une Chiwawa en perte de repères. Sa quête incessante d’attention en fait une sorte d’archétype de la génération Facebook/Instagram et aura ultimement raison d’elle. L’interprétation sincère d’une jeune distribution relativement méconnue, appuyée par les vedettes internationales Chiaki Kuriyama (KILL BILL) et Tadanobu Asano (THOR), ajoute une authenticité essentielle à ce festin sensoriel plus que pertinent qui, à l’image de son personnage titre, vous fascinera et vous séduira à coup sûr. - Nicolas Archambault