Québec
1989 96 mins V.O. française Sous-titres : anglais
Tout débute avec un accident de voiture, suivi de ce texte à l’écran : « Pierre et Marie Lemieux furent tués sur le coup, laissant trois embryons congelés dans l’azote liquide ». S’ensuivent les démarches de monsieur Lemieux (Gilles Pelletier), le père de Pierre, pour faire détruire lesdits embryons, ce que le biologiste (Paul Savoie) à la tête de la clinique de fertilité refuse de faire avant de recevoir une décision gouvernementale. Cela entraîne une enquête menée par la fonctionnaire Hélène (Patricia Nolin), qui découvre peu à peu les subtilités de la fécondation in vitro. Parallèlement, on voit via des flash-back les étapes traversées par Pierre (Marc Messier) et Marie (Danielle Proulx) pour tenter d’avoir un enfant, et comment ce couple a vécu les tensions engendrées par ce long processus. Derrière ce scénario aux apparences juridiques et morales se cache un ingénieux film d’anticipation, un genre peu souvent utilisé au Québec…
Robert Favreau, qui réalisera plus tard NELLIGAN, LES MUSES ORPHELINES et UN DIMANCHE À KIGALI, signait en 1989 un premier long métrage de fiction qui, 30 ans plus tard, détonne toujours autant dans le paysage cinématographique québécois. Tout en racontant le drame humain d’un couple qui a de la difficulté à enfanter, PORTION D’ÉTERNITÉ adopte parfois une froideur clinique pour se pencher sur l’aspect scientifique de la procréation assistée, dans un laboratoire qui s’apparente à un décor de film de science-fiction qu’aurait pu réaliser David Cronenberg. Le scénario soulève par ailleurs un débat éthique sur le droit à la vie (ou pas) des embryons ainsi que sur des questions connexes telles que le clonage et l’eugénisme. Le souci du détail qu’on retrouve dans ce film finement observé rappelle que Favreau a d’abord été documentariste (on lui doit notamment LE SOLEIL A PAS D’CHANCE). Gagnant du prix du meilleur film canadien et de celui de la meilleure actrice (Danielle Proulx) au Festival des films du monde en 1989, PORTION D’ÉTERNITÉ est une œuvre saisissante dont Fantasia présentera une nouvelle copie restaurée par Éléphant : mémoire du cinéma québécois, qui met en valeur les magnifiques images du directeur photo Guy Dufaux. – Kevin Laforest
ADMISSION GRATUITE